Les gorges d’Oppedette

Avant les Alpes, une mer récifale au Barrémien

Un maillon de l’histoire des Alpes …. 

Au Crétacé inférieur, l’océan alpin continue de s’agrandir entre l’Europe au nord et l’Afrique (et ses dépendances) au sud.

Le sud-est de la France est toujours sous la mer. Sa partie la plus profonde, appelée bassin vocontien, est bordée au sud et à l’ouest par des plateformes peu profondes. Vers l’est, la mer s’ouvre sur le bassin océanique.

Au Barrémien (-125 millions d’années), le site d’Oppedette appartient à la plateforme sud. La mer tropicale y a favorisé le développement d’un milieu récifal, véritable réservoir de biodiversité.

L’épaisse couche de roche dans laquelle sont entaillées les gorges spectaculaires d’Oppedette correspond à un faciès particulier appelé Urgonien, du nom de la ville d’Orgon dans le Vaucluse. Il s’agit d’un calcaire dit « construit », il a été édifié par des organismes. Dans l’Urgonien, ces organismes constructeurs sont des mollusques bivalves, des rudistes. Ce ne sont pas des coraux comme dans la plupart des récifs.

Les rudistes ont une coquille très épaisse, ils présentent deux valves très différentes. L’une d’elle, généralement la plus grande, souvent de forme conique ou en « tube », est fixée au fond. L’autre, plus réduite, joue le rôle d’opercule. Ces animaux marins, vivant en colonies, ont bâti d’énormes édifices calcaires.

Ils ont totalement disparu à la fin de l’ère secondaire, il y a 66 millions d’années, en raison du même événement cataclysmique qui a vu la fin des ammonites et des dinosaures.

… en lien avec 22 autres géosites

Plus à l’est, les roches du site du lac de Castillon sont contemporaines de celles des gorges d’Oppedette (Barrémien, -125 millions d’années). Toutefois, ces dernières sont très différentes, nettement moins massives. Elles montrent une alternance de fines couches de calcaires et de marnes qui se sont constituées dans un milieu plus profond et sans rudistes. En revanche, on y retrouve des ammonites.

Les calcaires des gorges du Verdon sont eux aussi des calcaires construits. Au jurassique terminal      (-145 à -50 millions d’années), au niveau des hauts fonds de la plateforme, les eaux tropicales claires et peu profondes ont favorisé le développement de récifs de coraux cette fois-ci.

Ce que l’on peut décrypter du paysage actuel

L’ensemble du paysage du Luberon et d’Oppedette est structuré par les calcaires urgoniens formant de grands massifs typiques des karsts. Très secs en surface, ils favorisent l’implantation d’une végétation xérophile adaptée aux milieux arides. En revanche, ils abritent en profondeur d’importantes sources qui circulent dans les réseaux souterrains.

 Une petite anecdote ?

Avez-vous trouvé des fossiles de rudistes sur le site ? Impossible ! En effet, leur coquille en calcite a disparu par dissolution. Vous pourrez par contre en admirer au musée municipal d’Orgon.